Pour la place des Deux-Églises, à Onex, Ugo Rondinone a imaginé une sculpture monumentale de 10 m de haut, représentant une figure humaine en position debout. Il s’est inspiré du célèbre site de Stonehenge, au Royaume-Uni, dont il a repris les imposants monolithes de pierre et l’architecture. Rondinone a en effet construit les jambes de sa figure en disposant ses blocs de manière à ménager entre elles une ouverture en forme de porte, répondant ainsi indirectement à une volonté de la commune de marquer l’entrée du parc Brot situé à l’arrière de la sculpture. L’artiste réinterprète et réactualise de cette façon une construction colossale de l’âge de bronze, qui témoigne d’une ingénierie collective sans pareille, compte tenu de la taille et du poids de ces monolithes.

le sage est réalisé en granit, que l’artiste définit comme “le plus ancien matériau organique au monde”, de manière archaïque. Rondinone a fait le choix de laisser la pierre très brute dans le rendu final de l’œuvre afin de garder visibles les gestes qui lui ont donné forme : extraction, taille, transport, assemblage et élévation. L’archaïsme se retrouve également dans la forme archétypale élémentaire de la représentation humaine, composée de deux longues jambes sans articulations, d’un tronc sans bras et d’une tête sans visage.

En faisant face aux clochers de l’église et du temple de la même place, situés de l’autre côté de la route, le sage dresse une troisième verticale sur le site et équilibre visuellement l’ensemble en créant un lien – souhaité par la commune – entre le vieil Onex (Onex village) et la cité, séparés depuis toujours par la route.

A cet écho formel s’en adjoint un autre, d’ordre symbolique. Par le choix du matériau (la pierre), de la technique (interventions minimales laissées visibles) et du sujet (l’humain), cette sculpture prend une dimension universelle, traversant le temps et l’espace. La figure humaine tout autant que la pierre sont en effet communes aux créations plastiques de presque toutes les civilisations. Tutélaire par sa posture et sa taille, le colosse de Rondinone évoque une forme de spiritualité ancestrale. Ce retour à des formes très anciennes est proposé par l’artiste comme une invitation à reconnecter le monde contemporain avec les origines de l’homme.

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Photographies: Serge Frühauf